Le Pélican : une histoire associative
C’est en 1980 que des bénévoles savoyards, confrontés à des usages de drogues dans leur entourage privé ou professionnel, constatent l’absence de réponses organisées et décident la création d’une association dont l’objet principal est « l’aide à toute personne concernée directement ou indirectement par le phénomène drogue. »
Dès 1982, les pouvoirs publics reconnaissent l’utilité de l’action du Pélican et passent convention avec l’association, pour la création d’un centre d’accueil pour toxicomanes. Le siège de l’association est à Chambéry : de nombreuses demandes proviennent de la Vallée de la Tarentaise, confrontée à des consommations de drogues chez des saisonniers comme dans la population locale.
Progressivement, le Pélican développe ses réponses, en veillant à une approche globale des questions de dépendance : complémentairement à l’accompagnement et au soin, la prévention est affirmée comme une valeur forte de l’association, parce qu’elle est un investissement pour demain et concerne la société dans son ensemble.
A partir de 1990, l’émergence du SIDA dans la population héroïnomane, modifie profondément les pratiques de l’équipe du Pélican qui se médicalise. Particulièrement, les usagers de drogues du territoire d’Aix-les-Bains sont confrontés au développement de cette maladie, pour laquelle aucune solution thérapeutique n’existe alors. Les partenaires hospitaliers et libéraux se mobilisent autour de cette problématique.
Le Pélican s’agrandit, déménage dans des locaux adaptés en centre-ville de Chambéry, met en place une politique de réduction des risques, basée sur l’échange de seringues, les thérapies de substitution et développe des coopérations avec les partenaires de santé.
Les familles ne sont pas oubliées. Les réponses de proximité non plus, en développant des antennes sur différents point du département, au plus près des besoins des populations. Le Pélican priorise son action auprès des personnes en situation de vulnérabilité, comme les usagers de drogues incarcérés, les personnes dans la précarité, les saisonniers,…..
Pour le Pélican, le distinguo entre drogues illicites et licites est contre-productif car d’un côté, il banalise l’usage des substances réglementées et de l’autre, il dramatise celui des substances interdites. C’est dire notre satisfaction devant la mise en place d’une politique publique visant l’ensemble des addictions et l’ouverture de notre activité à toute personne présentant une addiction avec ou sans substance.
Le Pélican inscrit son action et sa réflexion dans les dynamiques et les débats régionaux et nationaux. Le Pélican est membre de l’Association Nationale des Intervenants en Toxicomanie (ANIT) puis de la Fédération Addiction.
Ces évolutions des pratiques de terrain sont aussi des évolutions sociétales. Depuis quelques années, les colloques régionaux réalisés par le Pélican tentent d’observer les évolutions de la jeunesse dans une société centrée sur la performance, la réussite. Aussi, les plus marginaux, les plus exclus, que nous recevons au quotidien, constituent- ils la part visible d’une société addictogène.
Comment accompagner, éduquer, soigner, prévenir ? Comment répondre ensemble, spécialistes, professionnels divers, parents, citoyens ?
C’est toute l’histoire qu’il nous reste à construire ensemble. A vivre ensemble.